lesquelles se traitaient dans les tripots du boulevard ou à l’Américain.
D’un coup d’œil Échalote découvrait Victor dont le regard, au-dessus des pailles de son orangeade, ne quittait pas la porte d’entrée. La bouche carminée de la poulette volait vers ses moustaches et, en dépit des spectateurs qui, du reste, s’étaient livrés précédemment aux mêmes effusions, on prolongeait l’étreinte des lèvres gourmandes.
— Tu m’aimes toujours, ma cocotte en or ?
— Mais oui, mon coco, puisque me voilà.
Après quoi il avait coutume de s’excuser de l’incongruité commise au restaurant Robinet. Mais quoi, ç’avait été plus fort que lui. La voir ainsi en ménage, en compagnie d’un monsieur à ventre de propriétaire et qui la traitait comme un petit toutou, l’avait exaspéré. Certes, il se faisait une raison, il savait bien que cette liaison ne pouvait durer, mais il comptait sur la providence pour leur trouver un homme marié qui n’eût ravi à Échalote que les heures où lui-même eût été occupé. Pourquoi avait-il fallu qu’elle abandonne leur domicile, qu’elle consente à habiter chez un homme mûr et lui sacrifie sa liberté ?
— Allons, — faisait Échalote, — ne te fâche pas. Tu sais bien que cette vie ne pouvait durer, que je me serais fait cueillir un jour. Et puis, tu verras, tout s’arrangera. Je suis en train d’entortiller Mimille pour qu’il me mette dans mes meubles.
Mimille, c’était M. Plusch qui s’appelait Émile. Dans l’intimité, Échalote le nommait Mimi, mais,