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échalote et ses amants

pour celui qui en avait besoin, le meuble utile, le vêtement indispensable et le bijou convoité. L’hôtel Drouot ne lui cachait pas de secrets. Il y connaissait les trucs des marchands, la roublardise des experts et les ficelles des commissaires-priseurs. Ami d’un de ces derniers, il aidait parfois aux ventes, et ce n’était pas un mince plaisir pour lui que de glisser, dans le capharnaüm mis aux enchères, les bibelots dont il ne voulait plus dans son appartement, les hardes qu’il avait portées et ses chapeaux hors d’usage. Par contre, dans les ventes élégantes, il se ravitaillait à bon compte. Ce métier, qui n’était qu’un passe-temps, lui avait valu d’être baptisé par M. Saint-Pont, chef d’orchestre de beuglants à la mode et autre habitué du restaurant Robinet, de ce titre à la fois pompeux et significatif : le Vicomte des Ribouis d’Occase ! M. Lapaire était beaucoup trop intelligent pour se fâcher. Son esprit de vieux gavroche n’était pas de ceux que l’on démonte et il avait trop fréquenté les quartiers excentriques pour ne pouvoir lutter contre les assauts verbaux et les facéties. Il plaisait infiniment à M. Plusch qui, en bon sémite, appréciait ses dons pour la « bedide gommerce » et trouvait une excuse à sa propre vie, dans celle, similaire, que menait M. Lapaire.

Ce dernier ne le cédait en rien à M. Plusch pour la variété de ses maîtresses. Aux fortifs où il aimait flâner, dans les foires à puces de toutes les barrières, dans les banlieues de Saint-Ouen et de Billancourt, il avait découvert des échantillons tout à fait remar-

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