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échalote et ses amants

était original, lettré ironiste et aimable, élégant comme feu Sagan, coiffé de huit-reflets impeccables et toujours renouvelés, la coqueluche de toutes les femmes s’il l’avait voulu, le camarade de tous les hommes qui n’étaient pas des crétins, le conseiller des demi-mondaines et l’enfant chéri des bourgeoises qu’il amusait sans la mesquinerie de la flatterie et du boniment. Figure éminemment parisienne, M. Bouci était de tous les vernissages artistiques, de toutes les premières et de toutes les reprises musicales où l’on signalait un nouvel effort ou un changement d’interprétation, et entre temps, aux heures des bocks et des apéritifs, asseyait son mètre quatre-vingts et faisait miroiter son haut de forme aux terrasses des cafés chics et justifiait ainsi cette dénomination, due à un observateur ami, de Roi des Terrassiers.

Si l’on considère que chaque Embêté du Dimanche avait un invité de son esprit et de son poil, on voit ce que pouvait donner une telle association en tant que verve, fantaisie, anecdotes contées, projets émis, blagues et opinions. Échalote, lancée dans cette douzaine de Parisiens bons vivants et pas bêtes, s’en tira habilement en maintenant sa personnalité argotique et gouaparde, bien faite pour séduire un monde assez initié aux habitudes des femmes de bon ton pour les fuir par principe.

Au dessert, tandis qu’Échalote, prétextant l’obligation, pour toute Montmartroise, d’aller les jeudis, samedis et dimanches tricoter des jambes au Moulin

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