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échalote et ses amants

demi-siècle d’âge, devait se laisser prendre à ce piège. Échalote, qui avait longtemps hésité avant de se rendre rue Clémence, était trop habile pour persister dans un rôle hostile vis-à-vis d’un monsieur bien disposé. Ses restrictions cédèrent avec ses derniers voiles et, comme elle avait besoin de dix francs, il s’agissait de se montrer femme et de bien faire la petite fille pour les gagner.

En principe M. Plusch ne donnait pas d’argent à ses maîtresses. Cette aumône lui répugnait et il tenait à sa réputation d’être aimé pour lui-même. Toutefois, ainsi qu’il est d’usage avec les visiteuses qui ne vous demandent rien, il n’hésitait pas à vider son porte-monnaie pour satisfaire leurs caprices. Il les nourrissait, les habillait, leur offrait des bijoux, mais au moins sauvegardait son amour-propre. Échalote comprit vite qu’elle se brûlerait pour toujours dans l’estime de ce personnage si elle insistait sur ses besoins financiers. Jusqu’ici elle avait toujours eu deux joies dans ses visites aux hommes : la première quand on la payait, la seconde quand elle fichait son camp. Aujourd’hui il convenait de faire crédit et de flatter le partenaire. Donc elle n’attaqua pas la question du vil métal, seulement comme elle était en retard de règlement avec sa logeuse et que sa chambre mal aérée ne lui convenait plus, elle accepta de passer la journée, la soirée et les nuits suivantes avec et chez M. Plusch. En échange de cette concession il lui promit de l’emmener, cet après-midi même, chez quelques marchands de toilettes en solde où elle pourrait

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