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échalote et ses amants


— Des calvilles.

— Farceur.

Dévêtue, Échalote eut l’air, avec sa chemise trop longue et coulissée d’un ruban rouge, ses bottines ridiculement juchées sur des talons pointus, ses bras ronds et courts et sa tête trop grosse pour la petitesse de son corps, d’une de ces poupées fabriquées à Nuremberg et qui sont la plus belle attraction des bazars à treize sous. Sa peau avait la fraîcheur de la porcelaine employée pour le col et le chef desdites demoiselles et ses joues s’égayaient du même rose tendre. Les cheveux frisottés, surchargés de tire-bouchons artificiels et retenus en catogan sur la nuque, complétaient l’illusion. La poitrine bombée était enfantine, le buste trop long raccourcissait les jambes pas très droites. Les mains, courtes et grasses comme celles des marmots bien nourris, et la cheville épaisse augmentaient la ressemblance avec les jouets mal finis et disproportionnés. Poussah, mais poussah à la chair ferme et parfumée, Échalote possédait l’essentiel pour plaire aux hommes fatigués et rassasiés des femmes. Après le défilé des Vénus potelées, des Dianes musclées, des bacchantes charnues, elle était la petite fille, l’idole interdite par les lois civiles, mais que tous les citoyens sou-

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