Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
échalote et ses amants

mère putative et un peu délaissée par son amie Chouchon, en était donc réduite à voler de ses propres ailes et à marcher de ses propres pieds. Ces derniers, sans que son cerveau prît une trop grande part à leur locomotion, la conduisirent un matin au 14 de la rue Clémence, devant la porte du légendaire rez-de-chaussée.

M. Plusch, rentré après une nuit de noctambulisme, était encore au lit. Un coup de sonnette impérieux le tira de son sommeil et de ses toiles et le lança, vêtu de sa bannière et du poil de ses jambes, vers la porte d’entrée.

— Qui est là ? — questionna-t-il.

— Moi.

— Qui ça ? moi.

— Échalote.

— Connais pas.

— Ah ! ça, vieille marmotte, est-ce que vous avez l’intention de me laisser poireauter devant votre lourde ? C’est vous qui m’avez demandé de venir vous surprendre l’autre fois, en m’achetant des pommes.

L’esprit de M. Plusch se fit lucide, il se souvint, et simplement, ainsi qu’il sied entre gens d’amour, sans prendre la peine de revêtir un costume plus officiel, ouvrit la porte à Échalote.

— Tu permets que je me recouche, — dit-il en manière d’excuse. — D’ailleurs tu peux venir t’asseoir dans ma chambre, peuh, peuh.

Elle obéit et la conversation s’engagea entre une tête déplumée qui émergeait des draps et un petit

* 52 *