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échalote et ses amants

fluents et de quelques membres, en civil, du clergé ; quant à Loin-du-ciel, nous avons vu que la protection des hommes lui était chose insignifiante et indigne d’elle puisque, ayant gagné les rayons d’étoile de café-concert, elle ne pouvait que choisir entre les bank-notes d’un Américain et les mauvais traitements d’un amant de cœur.

M. Plusch se trouvait donc, après avoir attiré la veine sur le bataillon de ses conquêtes, dans une solitude tout à la fois morale et immorale. Il avait beau prier toutes les trottinettes rencontrées de venir visiter sa cuisine et compter son linge sale, sa sensibilité ne se laissait point attaquer par de telles soumissions. Plus que jamais il se sentait mûr pour une liaison durable… quinze jours, trois semaines ou plusieurs mois. Or, à chaque incursion d’une étrangère dans son original rez-de-chaussée, une nouvelle dose de déception gagnait son âme. Rien — surtout à Montmartre — ne ressemble à une femme comme une autre femme. Du chignon filasse aux talons Louis XV elles semblent prendre à tâche d’arborer le même uniforme. Dans ces pelures identiques se cache une mentalité de sarcelle, et rien ne peut vous amener à douter de la diversité des caractères féminins comme la fréquentation de ces personnes. M. Plusch, qui approchait de l’âge heureux de l’impuissance, risquait de ne plus se complaire indéfiniment dans leur fréquentation. « Ne me parlez pas, — disait-il déjà, — des affections qui se terminent dans une cuvette. » À défaut de maîtresse il se cherchait une amie et, toujours en-

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