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psychologie du vieux rigolo

long. La gloire en restait pour lui seul et sa figure — cette figure qui attirait la gifle ou le baiser — s’épanouissait du sourire de l’homme puissant et généreux.

Pour attirer et retenir le plus grand nombre de petites Montmartroises il s’était fait lui-même une réputation aujourd’hui établie : celle de porter bonheur aux femmes, à condition, naturellement, qu’elles eussent passé une ou plusieurs nuits dans son rez-de-chaussée. En vérité, les faits étaient là pour fortifier sa prétention : Ranavalo, lors d’un séjour à l’Alcazar de Bruxelles, s’était consigné un Flamand très argenté avec lequel elle s’était mise en ménage ; la duchesse de Luxembourg, partie pour un engagement en Russie, s’était fait grande cocotte à Pétersbourg ; la princesse des Canaries était — touchante association — mariée au chef du rayon des plumes d’un grand magasin ; Mme du Sommerard avait épousé un colon algérien ; Pois-Vert, couchée dans le lit, puis sur le testament d’un gâteux millionnaire, était maintenant propriétaire d’un des plus beaux immeubles d’Enghien et dame patronnesse de la paroisse ; le Lapin-russe, sans rompre avec son bel escrimeur, fréquentait un aveugle qui, pour cause, ne voyait pas ses yeux, mais palpait son corps, qu’elle avait fort beau, et lui accordait une mensualité de général de brigade ; Pilou tenait un magasin de confiserie sur les boulevards ; la Iamba, utilisant ses aptitudes et ses relations, avait fondé une maison hospitalière qui, située rue Laferrière, avait la clientèle des journalistes in-

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