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psychologie du vieux rigolo

était belliqueux, M. Plusch était pacifique : l’idée ne lui venait pas de demander raison à son prochain des sautes de caprices d’une écervelée. Le Lapin-russe reçut la douche de son indifférence, et il vogua vers d’autres insulaires. À partir de ce lâchage immérité, se succédèrent, dans sa cuisine et sous sa courtepointe, Pilou, toujours vêtue de robes idem ; la Iamba, Espagnole oubliée par une troupe de passage, et enfin une mignarde Montmartroise : Loin-du-ciel qu’un poète irrespectueux appelait : Près-des-crottes et que ses récents triomphes au café-concert, où M. Plusch l’avait lancée, ainsi qu’il avait fait pour Ranavalo, éloignaient de la demeure modeste de ce premier entreteneur.

Veuf de ses amours et de ses illusions sur la reconnaissance des femmes, en quête d’une nouvelle amourette qui lui permît de rajeunir son cœur il avait, comme nous l’avons remarqué, invité Échalote à visiter son musée pictural et phallique. Sur cette petite il était, ma foi, très emballé. La raison en était simple : Échalote ressemblait trait pour trait à Loin-du-ciel, la plus suave et incontestablement la plus intelligente de ses maîtresses, dont il gardait le deuil et pleurait la trahison. Sa marotte d’élever ses amies jusque sur les tréteaux des bouis-bouis ou des théâtricules eût dû, vu le départ de Ranavalo et de Loin-du-ciel et les infidélités de la duchesse du Luxembourg, se guérir d’elle-même. Hélas, il était sémite, et la vision d’une maîtresse scintillante de paillettes et de strass, convoitée par d’autres hommes, l’émous-

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