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échalote et ses amants

indien, les flâneurs révélés par l’étincelle de leur cigare et certains céladons amateurs de jupes courtes et de catogans virginaux. Tant qu’Échalote n’avait pas atteint l’âge légal pour exploiter ses attraits la police ne l’effrayait pas ; elle s’asseyait dessus, disait-elle, et s’en fichait comme d’une chique. Mais, depuis quelques mois, elle avait, à condition que le féminisme eût triomphé, le droit de vote et il s’agissait de ne point se faire ramasser dans une rafle et conduire à Saint-Lazare. À côté de sa dépravation sans bornes elle gardait un préjugé : celui d’une carte nominative délivrée par la préfecture et gênante pour l’avenir. Sans pouvoir préciser ce que serait cet avenir elle l’avait en bonne estime. Elle se savait intelligente, rouée comme pas une, et rien ne prouvait qu’elle ne pût prétendre à l’amour d’un homme sérieux qui eût adopté son cœur vide, son mètre quarante de hauteur et sa malice charmante quand l’intérêt la dominait.

Comme elle l’annonçait, il y avait de l’or « à faire » aux Champs-Élysées et, pour sa part, elle en avait fait.

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