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échalote et ses amants

ques parallèles entre eux et certains de leurs amis rivés aussi par les boulons du code.

— Les femmes ne sont pas mises au monde rien que pour turbiner. Les hommes aussi peuvent faire quelque chose. Naturellement je ne te dis pas d’aller te salir les mains et de devenir ouvrier, mais enfin chacun son rôle, et puisqu’on s’est épousé il faut s’aider, s’pas ? Grouille-toi de ton côté, moi du mien. Tiens regarde Nini-la-moche, son époux travaille.

— Joli emploi à avouer sur ses cartes de visite ! — rétorqua Victor.

— Il n’y a pas de sots métiers…

— Oui, Chochote, il n’y a que de sottes gens. On la connaît cette balançoire. En attendant je voudrais voir ta binette si tu avais un mari danseur à poil pour cabinets particuliers !

Le fait était : les deux jeunes hydrocéphales que Nini-la-moche promenait le matin dans la rue des Abbesses avaient un père légitime, M. Nini, ou, plus justement M. Pipo lequel, de joueur de mandoline pour cours populaires, s’était de lui-même élevé à la dignité de danseur excentrique.

Florentin, doué d’un de ces corps que le ciseau de Donatello se plaisait à donner à ses Jean-Baptiste, il avait accepté les propositions d’un tenancier de restaurant de nuit et, quand un riche étranger voulait s’offrir une petite fête à la Sardanapale, il se tenait à sa disposition pour exécuter, en compagnie de demoiselles comme lui vêtues de rayons électriques et

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