Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
quand les veufs vont par deux

turbé la chasteté de sa chambre d’anachorète et troublé son imagination vouée aux chiffres, — aux chiffres de ses créanciers :

« Pendant qu’il révisait le dossier où les vingt-cinq mille francs de M. Lapaire étaient représentés par des bordereaux d’agents de change, un timide frappement derrière la porte l’avait distrait de son travail. Il était allé ouvrir et s’était trouvé en présence d’une toute jeune et petite femme qui, candide, lui avait demandé :

« — Pardon, monsieur, vous avez du feu chez vous ?

« — Mais oui, mademoiselle.

« — Et de l’eau, et une cuvette ?

« — Mais oui.

« — Oh ! alors, monsieur, m’autorisez-vous à laver ma chemise dans votre chambre ? La mienne est au-dessus, mais il y fait froid et je n’ai pas de sous pour acheter du charbon.

« — Entrez, pauvre enfant, vous êtes chez vous.

« Lors, la petite avait traversé son tapis de paperasses puis, naïvement, avait quitté sa vieille robe, son jupon de cotonnade, ses bas, sa chemise et, nue comme un ver, mais un ver qui aurait des rondeurs, avait saisi ladite chemise pour la plonger dans la cuvette pleine d’eau et ensuite la savonner énergiquement. Puis, l’ayant bien rincée et tordue, elle l’avait étendue sur une chaise, devant la cheminée rougeoyante. Tant que sécha le linge elle resta dans son costume de Vérité, parlant de la pluie, du froid et des difficultés,

* 271 *