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échalote et ses amants

Elle eut un sourire à damner tous les vieux marcheurs.

— Une gentille cocotte, pas autre chose.

— Que ne me l’as-tu annoncé plus tôt !

— Me l’as-tu donc demandé ?… Mon chapeau maintenant.

— Il y a cent cinquante francs de plumes dessus.

— Ce sera ton cadeau de rupture.

— Et le tien, quel sera-t-il ?

— Une bonne bise sur ton nenœil.

Et, ce disant, Échalote lui plaqua ses lèvres sur le sourcil droit.

— Tiens, prends ton chapeau, petite hypocrite, — scanda M. Dutal. — Je ne crois rien à tes grimaces.

Mais, ce qu’il devait croire, et même enregistrer à part lui, c’était la sensation chatouilleuse d’un contact durant lequel cette odeur, — que seules, entre tous les organes olfactifs du genre humain, ses narines analysaient, — cette fameuse odeur de menthe sauvage lui était montée au cerveau.

— Tu déjeunes avec nous ? — s’enquit M. Plusch.

— En voilà une question, — remarqua M. Dutal, désireux de ne pas être en reste de politesse vis-à-vis d’une personne leur tenant conjointement au cœur.

— Il est midi et demie, nous n’allons pas la laisser partir sans lui avoir fait partager notre bifteck.

— Certes, ce serait de la pignouferie, — pontifia M. Lapaire en coupant ainsi la parole au séculaire chevalier de Flibust-Pélago, lequel lui racontait cette stupéfiante aventure qui, le matin même, avait per-

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