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échalote et ses amants

En réalité, il ne croyait rencontrer que son ami Plusch, mais M. Dutal, qui avait rôdaillé toute la matinée aux abords de l’impasse Blanche-Neige, était venu se réconforter en cet endroit où, présenté par M. Plusch, il s’était fait des relations.

Les deux amants, l’un le nez dans son verre, l’autre une feuille de salade dans la bouche, restèrent dignes.

Échalote, dès l’instant où elle avait accédé au désir amical de M. Lapaire, était résolue à prendre, — si l’on peut ainsi parler, — le taureau par les cornes.

— Non, mais, en voilà un accueil pour un malentendu ! Allons, gros Mimi, — proposa-t-elle, en tapant sur l’épaule de M. Plusch, — serrons-nous les abatis.

Puis, se mettant à chanter à tue-tête, sur ce ton de soprano crapuleux qui avait le don de faire grincer les dents de M. Saint-Pont, son ancien professeur :

Oublions le passé,
Les heur’s sont à l’ivresse,
Tu n’as rien de cassé,
Embrasse ta négresse.

— Peuh, peuh, que signifie cette plaisanterie ? — clama M. Plusch en sursautant.

— Un air d’une revue que j’répète pour jouer dans les salons. Je fais la reine des Béni-bouf-tou.

— Le salon de la charcuterie, à l’exposition de l’alimentation, peut-être, — siffla M. Dutal, froissé qu’on ne se soit adressé qu’à son compère et, pour cela même, tentant d’être cinglant.

— Tiens Dutal, ce bon Dutal, ça va bien, ma

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