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quand les veufs vont par deux

vite les frais d’une causerie plus fiévreuse que sentimentale.

M. Dutal, de son côté, avait tenté d’indirectes démarches auprès de la fiancée qui n’était plus pour lui. Il voulait reconquérir certains objets pratiques laissés chez elle, entre autres son rasoir mécanique et son frise-moustaches. M. Plusch, plus noble dans la rupture, avait fait abnégation de ses chemises et critiquait M. Dutal sur sa ladrerie. Au fond, la vengeance aux poissons d’une part, et les réclamations d’Adhémar d’autre part, ne tendaient qu’au même but : revoir l’infidèle. Aucun d’eux ne l’avouait, mais chacun savait à quoi s’en tenir. À ce point de vue, M. Dutal allait jusqu’à envier M. Plusch, lequel, favorisé d’un coup de talon Louis XV sur les orteils, avait cette supériorité sur lui d’avoir revu et même senti Échalote. Embarrassé de la pension que lui doublait son père depuis la rupture de ses négociations matrimoniales, il eût payé cher un retour, même agressif, de sa Mominette. Doit-on se quitter sur des scènes après que l’on s’est adoré, et le plus sage ne sera-t-il toujours, à l’heure de l’adieu, de se saluer avec courtoisie ?

Cette consolation, alors qu’ils ne l’espéraient plus, leur était réservée, et cela grâce à M. Lapaire.

Un jour donc, ce dernier s’amena vers midi, en compagnie d’Échalote, au restaurant Robinet.

— Ne vous étonnez pas, — annonça-t-il en entrant, — je vous amène une femme aimable, qui veut faire la paix.

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