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quand les veufs vont par deux

pas trop tard non plus, car rien n’est plus dangereux que de lasser les bonnes volontés. Il raconterait cela, bribe par bribe, à ses amis, il se ferait l’avocat d’une mauvaise cause, et il la gagnerait ! Quelle imbécile, tout de même, ce Schameusse ! car il était au courant de son rôle dans cette histoire. Quelle nécessité le poussait à dénoncer une cliente ? Il y aura toujours des gens pour compliquer les affaires, les leurs et celles des autres. Et quels stupides naïfs, ce docteur Benoît et ce Petit Vieux de la Plaine Monceau qui avaient reçu le mot d’ordre pour interviewer Échalote !… Qui prouvait que, sans eux, les choses ne se fussent pas calmées d’elles-mêmes. Ils avaient exaspéré cette petite par leurs indiscrétions et leurs démarches. Se sentant perdue, elle avait centuplé sa nervosité et précipité le dénouement… Et ce Dutal, quel besoin avait-il de faire scintiller sa promesse de mariage, d’agiter ce miroir où toutes les alouettes de l’irrégularité vont se taper la tête ?

À l’encontre de ses contemporains, M. Plusch, pour des raisons d’expérience, de confortable et de race, mettait l’amour au-dessus de l’amour-propre. Que signifient les trahisons éphémères, les caprices d’une minute, en regard d’une existence ouatée de bien-être ? Les amants de Ninon eussent-ils été aussi exultants auprès de leur divine maîtresse s’ils s’étaient préoccupés de l’emploi de sa soirée de la veille et des visites de ses petits levers ? Tout est dans tout, comme prétend Jean de Bonnefon. Certaines béatitudes se bercent du bruit de la tempête,

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