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échalote et ses amants

blessures, je reste confiant dans l’avenir humain. Il y a beaucoup à améliorer sans doute, mais la patience et les bons exemples triomphent de l’atavisme.

— Est-ce à dire, peuh, peuh, que vous tenteriez à nouveau de catéchiser Échalote ?

— Peut-être, s’il m’était permis de l’entraîner loin de cette dangereuse ambiance. Je songe à certaines colonies, véritables paradis terrestres, où, dans un décor de féerie, dans une nature radieuse, on pourrait revivifier les êtres et purifier les âmes.

— Jusqu’au jour où vous trouveriez votre élève dans les bras d’un orang-outang ! Vous êtes un enfant, mon pauvre ami, et ces utopies vous honorent. Quand vos chimères auront eu les griffes et le bec assez longs pour vous déchirer jusqu’au sang, vous les étoufferez une bonne fois et reviendrez de vos erreurs. En l’occasion, la sagesse n’est pas de déifier les filles, mais de leur flanquer une correction. Suivez-moi, nous allons prendre nos renseignements sur le Toto d’Échalote. Au revoir, O’Bonzir, cultivez vos caméristes, ça vaut encore mieux que d’aller au café.

— Pardon, — objecta l’homme au paletot de chèvre du Thibet, — mais j’y suis.

— C’est une manière de parler. Entre nous le café est encore moins déprimant que l’amour des femmes.

— Ah ! ça, est-ce que vous savez exactement ce que vous dites ?

— Je n’en suis pas sûr, mais il faut me pardonner. J’en ai de la douleur, moi aussi, si vous saviez !

Et M. Plusch saisit le bras de M. Dutal car, décidé-

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