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qui aime bien châtie bien

puisque les domestiques vous attirent, leur apparaître en bienfaiteur et, puisque vous êtes riche, après avoir eu la satisfaction d’être aimé pour vous-même, vous offrir le luxe de déraciner une herbe de basse-cour pour la transformer en plante rare ?

— Ça, c’est de la littérature ou je ne m’y connais pas, — lança M. Plusch. — Oh ! ces poètes ! Ils prennent une crotte de bique, lui mettent des ailes, lui apprennent à voler et s’écrient : « Oh ! la belle étoile ! » Et leur lyre vibre et s’élève jusqu’à ce que la crotte leur retombe sur le nez.

— Pardon, — fit M. Dutal, — est-ce d’Échalote que vous voulez parler ? Dans ce cas nous fûmes poètes l’un et l’autre. Poètes du fumier peut-être, selon l’expression chère à une femme de lettres de mes amies, mais poètes par l’illusion du rêve, la foi en la beauté, poètes par la grâce d’un sourire et la griserie de l’amour.

— Cette fois c’est plus que de la littérature, c’est du maboulisme. Quand Échalote vous a-t-elle souri ? Quand l’avez-vous jugée belle ? Quand vous a-t-elle enivré de caresses savantes ? Pour ma part je n’ai connu qu’une vadrouille pétrie de malice, embouchée comme un charretier et si mal élevée qu’elle ne vous remerciait de vos bontés qu’avec des pieds de nez ou des insolences.

— Alors, quelle excuse avez-vous de lui consacrer votre cœur ?

— L’excuse de l’âge, jeune homme. Salomon, paraît-il, se confectionnait un sandwich avec deux vierges bien en viande ; la sulamite venait ensuite

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