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la lettre de rupture

lui faire commettre des gaffes, licencieuses devant des collatéraux.

Malgré les inconvenances ou légèretés d’un être auquel il croyait avoir inculqué pour jamais les règles de la probité morale, il convenait de recommencer sa lettre. Celle-ci n’était pas dans la note voulue et, plus il la relisait, plus il la trouvait incorrecte. Il déchira les feuillets noircis, en prit des blancs et commença :

« Quoique peu évangéliste, je trouve qu’il est bête de rendre le mal pour le mal, surtout quand le mal vient d’une femme à responsabilité physiologiquement atténuée.

« Étant donné qu’en dehors de vos crises de semi-folie, vous êtes au-dessus de l’étiage moyen des filles entretenues, je consens à avoir avec vous une explication que je m’efforcerai de maintenir sur le ton de la bonne compagnie.

« Je suis trop indulgent, c’est certain, et si votre cervelle, aux rudimentaires méninges, est susceptible d’une minute de méditation, elle s’imaginera mon état d’esprit en ce moment.

« Vous pouviez, en suivant votre méthode, me faire planter un couteau dans le ventre par le monsieur caché chez vous, lequel est peut-être simplement de votre famille.

« Misérable enfant, songes-tu à ce qui pouvait résulter de tes inconcevables procédés ?

« En attendant, tu as égratigné, éraflé mon amour, et rien, par la suite, ne pourra le guérir.

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