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la lettre de rupture

ce petit appartement meublé, hélas, par un autre mais où il avait dormi, la tête pleine de rêves et le cœur bercé d’illusions ! Il en voyait les fenêtres, lumineuses et voilées, devinait les propos émis autour de la lampe à colonne, les lazzis que l’on devait faire sur son dos, les pieds de nez qu’on ne manquait pas de lui décocher à distance.

Qu’est-ce que tout ça voulait dire, et son père aurait-il eu raison de prétendre qu’où la prostitution a passé, la délicatesse et la gratitude — telle l’herbe sous les pas du cheval d’Attila — ne poussent plus ?

Après tant de confiance en l’aimée, après tant de lutte pour l’imposer parmi les siens, lui fallait-il arriver à une si décevante déduction et comprendre que la plus élémentaire pudeur lui défendait de continuer une liaison aussi avilissante ? Devait-il donc à son amour-propre de dire adieu à ses délicatesses pécuniaires accumulées là-haut, à la femme perfide et insolente, à ses satisfactions de tendresse, si réelles et si raffinées qu’il n’y songeait point, même dans la colère, sans un frisson voluptueux et troublant ?

— Gredine ! gredine ! — proféra-t-il, en montrant le poing aux vitres tamisées. — Tu vas voir s’il est permis à une courtisane de ton espèce de se moquer d’un homme comme moi !

Il bondit à la plus prochaine brasserie, commanda un bock pour le principe et pria qu’il fût accompagné de ce qu’il faut pour écrire.

Sans s’arrêter à des réflexions complémentaires,

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