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échalote et ses amants

nasse il se laisse faire, escomptant la reconnaissance de la partenaire et supposant ingénument que toute pécheresse repentie est deux fois femme.

M. Dutal, lui aussi, voulait accomplir un sauvetage. Échalote-Mominette, de son tremplin, lui semblait un joyau à sertir comme exemple dans l’orfèvrerie de ses études. Déjà il l’avait, croyait-il, délivrée de la gangue malsaine. Le polissage allait commencer avec les bons principes et le mariage ferait d’elle un bijou rare.

Dans les vingt-quatre heures de recueillement que lui accorda la soi-disant venue du vieux papa, la maturité de sa conscience fit un nouveau progrès. C’est-à-dire qu’il se fortifia dans ses convictions et jalonna complètement la route de son bonheur.

Entre autres efforts, il fit une démarche auprès de sa famille. Il s’agissait de bien plaider sa cause, d’auréoler Échalote de toutes les vertus célestes et d’imposer à ses parents une opinion d’autant plus irréfutable qu’elle était saugrenue.

Il parla pendant quelques heures, mangea du bout des dents durant les repas, songea pendant ses digestions et attendit le verdict patriarcal. Comme toujours, en de pareils événements, l’atmosphère fut tiède. Son niveau thermométrique ne s’éleva que lorsque le père prit la parole. Oh alors, ça chauffa dur et la sentence fut virulente. Introduire dans une famille de commerçants honnêtes, de bourgeois travailleurs, une traînée de concert ! Assurément Adhémar était fou ou allait le devenir !

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