Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.
monsieur plusch opère lui-même

— Ce que j’fais, ce que j’fais… je guette des saligauds qui, si ça continue, vont me faire tourner en bourrique.

« Figurez-vous, — continua Plumage, — que tous les matins, au petit jour, on tire la sonnette d’entrée. Une fois… J’me méfie des farceurs ; deux fois… je mets la main au cordon ; trois fois… j’ouvre. J’attends alors le nom du retardataire ou le bruit de ses pas dans le collidor. Rien, personne, la porte reste béante et n’importe quel malfaiteur peut pénétrer. « Bon Dieu, de bon Dieu, de bon Dieu ! que je crie, c’est encore ces feignants, ces propre à rien qui m’ont fait une niche ! Attends un peu, si j’arrive à leur mettre la main dessus ! » Je me lève. « Enfile ta culotte, me dit Blandine ». Ouais, je m’en fiche bien d’une culotte ! Je glisse à pas de loup jusqu’au porche, je passe le nez dans l’entre-bâillement… et je vois un gaillard qui file comme un zèbre et va retrouver ses complices embusqués au tournant… Ah ! mais, ils ne savent pas à qui ils s’adressent, non, ils ne le savent pas !… À partir d’aujourd’hui, je ne me couche plus, je passe la nuit sur un pliant derrière la porte, en compagnie de ces deux amis que vous voyez là (il désignait à M. Plusch ses armes homicides)… C’est Blandine qui tire le cordon et j’vois qui passe… J’ai attendu jusqu’à maintenant… Ils viennent de me faire leur coup… Malheureusement ils ont filé trop vite ou j’ai attendu trop tard… Mais ils verront demain le chien de ma chienne que je leur réserve.

— Que ferez-vous ? — questionna le président

* 227 *