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échalote et ses amants

pierres. Il souhaitait le retour des tribunaux de l’Inquisition, les tortures des oubliettes, le pal, l’estrapade, voire le gibet.

Mais, tout ça ne lui disait pas le nom de l’individu aquatique. Prudent comme un diplomate, ou il ne signait pas ses lettres ou les terminait par le pseudonyme impersonnel de Toto.

— Toto… Toto… Je ne vois pas.

Une lueur se fit en son imagination.

— À moins que ce soit le voyou qui, un matin, vint la souffleter chez Robinet… Si je m’en souviens, peuh, peuh, il s’appelait Victor.

Il regarda sa montre ; elle marquait cinq heures. Il ne fallait pas songer à interviewer les voisins qui dormaient tous. Le plus sage était de rentrer chez lui et, si possible, de les imiter. Il mit les preuves de la trahison dans sa poche et quitta ce repaire de crapulerie.

Dehors, un brouillard estompait les maisons. Le mystère, le froid et la tristesse pesaient dans l’air. Il tourna dans la rue Clémence et, que vit-il au beau milieu de la chaussée, à la hauteur de sa maison ? Plumage, l’unique, l’inimitable Plumage qui, un pistolet d’ordonnance d’une main et un couteau de l’autre, se tenait immobile, dans la pose chère aux chasseurs de fauves.

— Eh bien, mon bon, que faites-vous là ? — lui demanda M. Plusch qui, tout à sa douleur, n’entrevoyait pas le danger de se présenter sans cuirasse ni cotte de mailles devant un homme ivre.

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