Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
monsieur plusch opère lui-même

« Quand tu n’avais que ton père Plusch on pouvait s’arranger encore, mais maintenant tu attelles à trois. Ça ne va plus. Entre nous, il en a une bobêche ton homme de lettres ! J’aimais mieux la grosse bidoche du vieux… » « À propos, as-tu pensé à lui chaparder des morvettes, j’ai à me fringuer pour entrer en ménage. Prends aussi les limaces que Mimile a laissées chez lui et n’oublie pas de lui annoncer, pour qu’il ne les réclame pas jusqu’à perpète, que la blanchisseuse les a perdues. »

— Le fait est, — s’écria M. Plusch hors de lui, — qu’il a besoin de costume pour dissimuler ses nageoires ! Ah ! infect personnage ! Et c’est avec une pareille immondice qu’Échalote se moquait de nous !… Car, enfin, nous sommes deux ! Deux pigeons contre un poisson, la victoire eût dû rester pour nous. Quelles armes ont donc ces animaux pour nous supplanter dans le cœur des filles ?

Les colères de l’homme trompé ont cette particularité d’enrôler, d’emblée et sans autorisation, l’amour-propre de ses semblables. Sans rien savoir d’Adhémar Dutal, M. Plusch l’associait à son infortune et, volontiers, lui eût proposé un pacte de vengeance. Ah ! l’exquise volupté de prendre les deux criminels, de les ligotter en place publique et de s’essuyer avec fracas les semelles sur leurs reins ! Il comprenait les pénitences d’autrefois, quand on promenait, à moitié nus et à califourchon sur un âne, les coupables dans toute la ville. Chacun pouvait les invectiver, on avait même le droit de leur lancer de la boue et des

* 225 *