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échalote et ses amants

fait-tout, la cocotte, le pot-au-feu et la bouilloire. Tout à coup une lèche-frite crispa ses doigts fureteurs. Cachée derrière une rôtissoire elle laissait bomber, au-dessus des rayons visuels de M. Plusch, des parallélépipèdes de papiers pliés. Vite, il sauta sur un escabeau et saisit l’ustensile et son contenu. C’étaient bien des lettres et de plusieurs écritures. Il alla s’installer sur la table de la salle à manger pour les mieux lire et commença par des feuillets de japon dont le début ne variait guère : « Je crains, ma petite fifille très aimée, que tu te méprennes sur mes intentions. Elles ne sont pas de faire de toi une maîtresse exquise, mais plutôt une épouse adorable et adorée… » « Quand tu le voudras, mon bébé chéri, nous irons demander à un maire quelconque de sceller nos amours. En écoutant mes conseils, en restant une petite mignonne bien soumise, tu seras en même temps une femme parfaite… » « Plus je t’apprécie, mon enfant, plus je sens que le bonheur de ma vie sera de te tenir dans mes bras et de baiser tes cheveux… » Ces lettres étaient signées : Adhémar.

— Voilà l’homme du monde, — jugea M. Plusch, — c’est complètement stupide, peuh, peuh.

Il abandonna le japon pour prendre un alfa vulgaire coloré d’azur et empoisonnant le trèfle incarnat. En quelques secondes il fut édifié : « Ma poupoule en or. Ma bibiche en pain d’épices. » Au hasard des lignes il lut : « Tu es la préférée de toutes mes maîtresses, lâche ton vieux et je ne serai qu’à toi… »

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