Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
monsieur plusch opère lui-même

on ne s’arrête pas en de tels instants. Cinq minutes plus tard, M. Plusch avait exécuté son programme et se retrouvait dans le nid où, tenture par tenture et meuble par meuble, il avait installé son idole. Du train où ses pattes de grue l’avaient menée, on pouvait conclure qu’Échalote était loin et qu’elle n’en reviendrait pas tout de suite. Il connaissait sa poltronnerie et, pour qu’elle se fût hasardée dans les rues à pareille heure, c’était qu’un gîte proche s’offrait à elle ou l’attendait. Il put donc fouiller les tiroirs à son aise.

Ce qui le frappa d’abord, dans cette singulière autopsie, ce fut l’inénarrable désordre de sa maîtresse. Pêle-mêle avec des rubans défraîchis, des dentelles déchiquetées, des bouts de chiffons, des plumes, des baleines de corset, des crêpons de cheveux, des programmes de concert, des bonbons desséchés, il trouva ses épîtres à lui, puis le paquet de mandats qu’il expédiait quotidiennement, ce qui expliquait assez que la volage n’avait nul besoin de son argent pour subsister. Mais sa propre correspondance, en ce moment, ne l’intéressait guère. Il apercevait, griffonné sur du papier d’hôtel, des : « mon Échalote à moi, mon petit chéri, ma gentille louloute ».

— Étais-je idiot, — murmura-t-il. — Comme quoi on ne devrait jamais écrire de gentillesses aux femmes, attendu qu’elles peuvent les lire sur la poitrine de leurs gigolos et s’en faire des gorges chaudes entre deux polissonneries.

D’un tiroir il passa à un carton à chapeau, des

* 221 *