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encore un endroit où l’on s’amuse

Crieuse de pommes, vendeuse d’amour, cabote et apache, Échalote ne se fût pas étonnée des hommages d’un roi ou de la demande en mariage d’un héritier présomptif. Avec cinquante années de bouteille, une ligne de cheveux au-dessus du faux-col et un ballon captif dans le gilet, M. Plusch eût trouvé logique d’attraper au vol les mouchoirs armoriés et d’attendre, en son rez-de-chaussée enluminé d’enseignes et de grivoiseries, la venue de dames lascives et mariées.

Ces considérations établies, comment eût-il pu, dédaignant des archiduchesses imaginatives, douter de l’attachement d’une Échalote ?

— Je vais chez un musicien faire orchestrer mes chansons, — avait prétexté Mominette pour se rendre libre.

On devine chez quel instrumentiste elle était allée !

M. Plusch avait passé l’après-midi dans un farniente admissible après une nuit de voie ferrée. Il n’en sortit qu’à l’heure du dîner et se rendit à Cocardasse où, en réponse à des lettres expédiées du midi, il pouvait compter retrouver des camarades.

Retenus par leurs occupations ou leurs plaisirs la plupart des Embêtés y brillaient par leur absence. Seuls — et pour cause — M. Gratin et le Petit Vieux de la Plaine Monceau étaient là.

Le premier, dans un coup de tête, et avec l’intention de rajeunir la vieille gaieté montmartroise et nocturne, venait de se rendre propriétaire de Cocardasse. Déjà il avait embauché des joueurs d’ocarina

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