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échalote et ses amants

des comparses, et ce qui part de chez vous pour aller chez vos amis, n’étant déjà qu’un souvenir, semble intangible ou mort.

Sérieusement, M. Plusch comparait Échalote à ces objets pratiques qui se plient, s’emportent en voyage, s’utilisent quand on y pense et ne récriminent jamais si on les oublie au fond des valises. Elle était son amusette, son joujou articulé, et, en la laissant quelques mois seule à Paris, il ne soupçonnait pas que les rouages de son cervelet eussent pu se remonter d’eux-mêmes.

Touchante confiance et non moins touchant aveuglement qui afflige tous les hommes ! Un tempérament de feu, même s’il ne brûle que pour eux, les affole ; une complexion contraire, capable de réfrigérer les rayons du soleil, les tranquillise. Ils ne soupçonnent pas que ce qui peut s’annihiler, s’anéantir par leur présence, peut s’exalter auprès d’un tiers. Leur vanité n’entrevoit pas cette hypothèse et ne solutionne pas ce problème. Quiconque ne les aime pas, doit n’aimer personne ; quiconque, devant eux, ne tombe pas à la renverse, restera inattaquable à tous les assauts et invulnérable aux flèches des Cupidons les mieux armés.

Convient-il d’ajouter que les femmes, dans leur for intérieur, raisonnent pareillement et que, pour n’utiliser que les exemples actuels, Mlle Sophie Laquette, dite Échalote, dite Mominette, ne se prenait pas davantage pour une crotte de chien que M. Plusch ne se confondait avec de la roupie de sansonnet.

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