Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
le retour de l’homme prodigue

cueilli l’épreuve suggestive d’une Nini-Tutu allongée sur une peau d’ours et habillée d’une seule jarretière. Les parents avaient reçu ce don comme un dépôt sacré. Pendant quelques minutes ils s’extasièrent sur la ressemblance : tout y était, même la petite tache de velours près d’une aisselle. Et, dans son inconsciente simplicité, leur contentement n’était ni impudique, ni ridicule.

M. Lapaire, dont les premiers pas avaient été étayés par les principes de la morale chrétienne et chez qui les distractions adultes, voire caduques, n’annihilaient pas les croyances avouait à ses amis présents n’avoir point trouvé impudente cette démarche des parents affligés.

M. de Flibust-Pélago, toujours enclin à s’apitoyer sur la mentalité de son prochain, prêcha à son tour pour l’indulgence envers l’amoralité du peuple et, les comparaisons s’imposant, flagella de mots cinglants les rentiers pervers dont l’influence malsaine trouble des générations de pauvres filles. C’était eux les coupables, et c’était à eux de faire amende honorable devant les ignorants.

— Ah ! ça, — fit M. Lapaire, — est-ce pour me remercier de m’être laissé entôler par vous que vous me catéchisez maintenant ?

Il portait haut l’orgueil de la nature humaine et ne croyait pas à la force qui peut vous incliner devant la misère quand on a pour soi le triomphe de l’argent et l’estime du monde. D’ailleurs, le chevalier était son débiteur et, des trente mille francs échangés, quelques

* 201 *