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échalote et ses amants

ne fallait-il pas en informer M. Plusch ? Après avoir, dans la balance de leur conscience, pesé le pour et le contre, ils s’étaient décidés à garder le plus complet mutisme. Leur sacerdoce de pipelets les avait, peu à peu, initiés aux finesses de la diplomatie. Ils comprenaient le danger inhérent à la garde des vertus et méprisaient l’esclandre. Tout bien calculé, il y avait plus d’avantage à favoriser l’adultère que le divorce. La paix des nations et des foyers entretient les petits bénéfices des larbins et telle somme, glissée pour un silence, risquerait de « passer à l’as » dans le désordre des scandales bourgeois. Blandine eut donc soin, après avoir si bien renseigné M. Plusch, de tourner un œil malin vers Échalote. Les prunelles interrogées conclurent le marché. Grâce à cette correspondance visuelle M. Plusch pouvait être heureux.

Il le fut, en effet, tout le jour et même une partie de la nuit.

Au déjeuner, chez Robinet, il retrouva, devant le chevalier de Flibust-Pélago et son masticateur, cet excellent M. Lapaire. La duchesse d’Ersigny ne l’accompagnait pas. Au retour d’une petite villégiature qu’il lui avait offerte sur les bords de la Manche, elle lui avait déclaré en pincer pour les matelots et s’était collée avec un pontonnier des bateaux parisiens. Philosophe, il prenait son parti de cette défection sentimentale et, pour l’instant, oubliait toutes les maîtresses d’aujourd’hui et d’hier au profit d’un deuil touchant, suivi d’un incident non moins délicat.

Personne, sur la Butte, n’ignorait sa manie de

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