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le retour de l’homme prodigue

ment le maître ici, j’exigerais que l’on bazardât jusqu’au dernier des souvenirs du passé.

Échalote revendiqua ses droits de propriétaire :

— Non mais, j’te le dis ! Vous allez laver mon mobilier maintenant ! D’abord je suis une femme d’ordre, je tiens à mes affaires.

— Je les renouvellerais en mieux.

— Vous bilez pas, on en reparlera plus tard.

À l’arrivée du train ramenant M. Plusch, Échalote était à la gare. Leurs effusions furent d’autant plus prolongées qu’elles étaient naturelles d’un côté et intéressées de l’autre. La vénalité ressemble à s’y méprendre au véritable amour. Les sentiments s’extériorisent en raison directe de la chaleur du cœur ou des tentacules de l’avarice. Depuis qu’ils s’étaient quittés M. Plusch avait bien convoqué quelques femmes dans sa chambre à coucher, histoire de consigner leurs chemises, mais son esprit avait été d’autant moins attaqué par ce jeu que sa chair demeurait paisible. Échalote, seule, occupait ses pensées et troublait la tranquille somnolence de ses sens. Aussi sa joie de la rejoindre était-elle sans restriction et sans mélange.

Dans le fiacre qui les emporta, eux et sa malle, Échalote lui explora les poches. Ravi, M. Plusch se laissait faire, guettant les surprises et les exclamations. Dans le cache-poussière elle cueillit un écrin emprisonnant un sautoir d’or, dans le veston deux bracelets, une broche, une boucle de ceinture et dans le gilet trois délicieuses bagues, parmi lesquelles

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