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échalote et ses amants

dont profitait tout le monde. Les immeubles modernes ont ravi le soleil aux jardinets sauvages, la municipalité a percé des rues dans les derniers champs parisiens et, remorqués par les gigolettes, des messieurs sans profession et sans scrupules sont venus voisiner avec les peintres et les poètes. L’entôlage et l’escroquerie ont précédé M. Prudhomme lequel, explorateur prudent, avait annoncé sa visite. Le chahut et la jambe en l’air ont intelligemment captivé son regard, tandis que des comparses vidaient ses poches. Sur la plainte de quelques pères conscrits de fichu caractère, la police, personne de mauvaise compagnie, s’est alors immiscée dans les affaires d’une population qui ne demandait qu’à s’amuser et, en guise d’attractions nouvelles, a planté des argousins dans les carrefours et près des porches.

Ainsi la prostitution et ses suites ont triomphé de la bohème et, chambardant les habitudes de la population régnante, ont encouragé les propriétaires à sacrifier les enfants des Muses, qui payaient mal, au profit des horizontales garanties par un citoyen de la basse ville ou un étranger généreux.

Tout près des boulevards extérieurs où, le soir, scintillent les lampes à arc des cafés à rendez-vous galants, la Butte est devenue une sorte de villégiature pour ces papillons indécis sur le choix d’une fleur nourricière mais qui, à l’aube, veulent retrouver le cocon où l’ami entretient la chaleur des draps et le refuge d’affection réparatrice.

Ah ! la joie, après les stages dans les hôtels voi-

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