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monsieur dutal

chevaux, et j’aurai une fortune suffisante pour garantir l’avenir de ma compagne. Je me permets donc, messieurs, de compter un peu sur vous pour plaider notre cause. Vous avez assez vécu, je pense, pour respecter le véritable amour et pour ne pas le confondre avec la bassesse et l’égoïsme du caprice.

Puis, s’adressant à Échalote :

— Si tu nous offrais quelque chose ; ces messieurs accepteront bien de se rafraîchir.

En vidant une bouteille de malaga on tomba tout à fait d’accord. Ces Embêtés du Dimanche étaient deux vieux renards qui comprenaient la vie. Émoustillés par le vin et la jobardise de M. Dutal, chacun à son tour parla de ses petites histoires. Le docteur Benoît, désargenté, se donnait des illusions flatteuses. Mis comme un prince, la boutonnière fleurie et le Clay aux lèvres il passait ses après-midi vautré dans un des fauteuils de la terrasse du Grand-Hôtel. Son allure distinguée ne passait pas inaperçue. D’un salut, d’un mot, d’une attention délicate il captivait la sympathie des étrangères. On se parlait. Polyglotte, il était à la hauteur de toutes les circonstances galantes. Après des échanges d’appréciations sur les différents continents il se retirait précipitamment sous le prétexte de perdre la notion d’un temps promis à son notaire. En réalité il tenait à ne pas atteindre l’heure de la tasse de thé ou du porto. Sans difficulté il obtenait un rendez-vous pour le lendemain et, en suivant sa combinaison, il parvenait de temps en temps à savourer les plaisirs d’un gentleman affairé qu’on

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