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échalote et ses amants

— Si c’est pour me raconter des boniments à la graisse de radis vous pouviez me laisser au plumard. Non, mais ils en ont un toupet, ces frères-là !

Au bruit de la discussion M. Dutal avait sorti ses jambes des draps et enfilé un pantalon. Les pieds nus, les cheveux hirsutes et la moustache en saule pleureur il crut de son devoir d’aller s’interposer. Échalote le mit au courant de l’incident.

— C’est deux poteaux de mon ancien amant qui viennent chialer pour lui. Dites-leur qu’on va se marier et qu’ils nous fichent la paix.

M. Dutal, entraîné à l’obéissance, voulait cependant agir en galant homme.

— Si ces messieurs voulaient bien prendre la peine de s’asseoir, je me glisse dans des pantoufles et je suis à eux.

— C’est ça, — fit Échalote, — mettez vos godasses et amenez votre viande.

La conversation, grâce à l’intervention de M. Dutal, fut courtoise. Ce dernier, en regard des revendications des deux députés, exposa son bon droit : il aimait Échalote, il était aimé d’elle. Aucune loi sociale ne contraignait une femme de vingt ans à unir son existence à celle d’un homme mûr. M. Plusch, d’après ce qu’il en avait entendu dire, n’était pas un idiot ; lui-même, mis au courant de la situation, engagerait Échalote à ne pas refuser une offre de tranquillité durable.

— Car enfin, — objecta-t-il, — les hommes qui épousent ne se rencontrent pas sous les sabots des

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