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monsieur dutal

Elle était de moins en moins fixée. Dans l’ignorance de son propre bouquet l’odorat de M. Dutal lui parut une anomalie. Dès lors elle s’habitua à trouver ridicules toutes les manifestations de la personnalité de cet amant-banquier, et leurs fiançailles lui paraissant couronner brillamment un ensemble de loufoqueries sentimentales et nasales, elle les publia à grand renfort de bavardage chez tous les commerçants de la rue Lepic. Immédiatement M. Dutal passa à l’état de phénomène. On se le montrait du doigt.

— C’est curieux, — disait la fruitière, — un monsieur si distingué qui épouse une paillasse !

— Qu’est-ce que vous voulez, — ronchonnait la teinturière qui avait quatre rejetons en laissés-pour-compte, — on élève bien ses filles, on leur donne de l’éducation, personne n’en veut. Il n’y a plus que les roulures pour avoir de la chance.

— N’importe, — faisait la brocanteuse, — il y aura du grabuge quand M. Plusch rentrera. Un si brave homme, et qui avait fait tant de sacrifices !

Les Embêtés du Dimanche furent, à leur tour, au courant de la nouvelle. Ils en souffrirent pour leur ami. Encouragés par M. Schameusse ils convinrent de nommer une délégation qui tenterait de sermonner la volage. Le docteur Benoît et l’Homme au Supplice Indien, désignés par le sort, sonnèrent un matin chez Échalote. Au saut du lit où elle laissait M. Dutal, la blonde enfant était d’une amabilité relative. Sa nervosité s’accrut quand le docteur Benoît eut exposé leur mission.

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