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monsieur dutal

de lui acheter un tablier de sarrau et un cartable.

— Je m’étonne, — disait-il à ses amis, — de la voir marcher seule. À chaque pas il me semble qu’elle va trébucher.

À son insu Échalote reprenait son métier d’antan. Elle redevenait petite fille et M. Dutal, pour compléter son illusion et l’excitante crainte des gendarmes, exigeait qu’elle l’appelât papa et lui demandât la permission de se retirer en lieux clos ou d’aller se laver les mains.

— La petite fille n’a pas été sage, elle n’aura pas de dessert.

— La petite fille a désobéi à son papa, on va lui faire un écriteau et la mettre dans le coin.

— La petite fille, ayant mal mangé sa soupe, sera privée de chocolat.

Ce à quoi Échalote répondait :

— La petite fille se fiche de vous comme un éléphant d’un bigorneau ; la petite fille vous lave les boyaux de la tête avec une brosse en chiendent ; la petite fille fera des crêpes au pétrole, et c’est vous qui boirez le jus.

— Qu’elle est drôle ! Qu’elle est drôle ! — gloussait M. Dutal.

— Si je suis drôle, vous êtes embêtant comme un boisseau de puces. A-t-on idée d’un crapaud qui veut jouer au maître d’école !

Pourtant, elle les connaissait de longue date ces natures masculines qui ont besoin de se croire grands-pères pour tenter de devenir papas. Les Champs-

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