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échalote et ses amants

n’était ni plus chiffe ni plus crétin qu’un autre, et que deux baisers plantés sur l’oreille avaient affolé. Il aimait Échalote à un degré qui réclame le cabanon. C’était du délire. Après lui avoir fait la cour plusieurs fois sans l’approcher, il l’avait approchée, en une seule fois, jusqu’aux plus extrêmes limites et ne l’avait quittée qu’au petit jour. Des cajoleries échangées il gardait une tenace griserie et, parce qu’il était timide dans l’ivresse, Échalote le dominait comme un homme éméché. Fils à papa, il avait en portefeuille de quoi satisfaire les caprices d’une coquette. Échalote, qui avait toujours prédit que, le jour où une poire lui tomberait sous la main, elle ne la rendrait à la société qu’à l’état de trognon, put enfin satisfaire son appétit et régaler Victor. En quinze jours, elle avait accumulé à ses doigts les bagues les plus disparates, renouvelé son linge, nippé et installé son sous-marin. Plus M. Dutal offrait, plus il demandait à offrir. Une nuit qu’Échalote avait mis sur le compte de sa nature de fille honnête une réfrigération grandissante sous les caresses de l’amant, celui-ci, pour la rendre à sa température normale, avait promis de la réhabiliter à ses propres yeux, une fois pour toutes, par un mariage d’autant plus admirable qu’il lui faudrait lutter avec sa famille pour le conclure.

Ce furent, le lendemain, entre Échalote et Victor des gorges chaudes et des tirebouchonnements prodigieux à la santé de M. Dutal.

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