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échalote et ses amants

la garde-robe d’une demi-mondaine huppée mais nabote ; la naine Échalote eût fait des affaires d’or en s’adressant à lui. Mais non, elle voulait, à son tour, sacrifier aux exigences du snobisme et solder des factures abracadabrantes. « Sotte, triple buse ! » avait formulé M. Schameusse, en même temps que s’agrandissait en lui la blessure de l’amitié outragée.

C’était en allant au Casino de Clignancourt proposer à Échalote une robe de gommeuse qu’il avait tapé du nez dans les bois de M. Plusch. Un jeune homme y aidait Échalote à se voiler d’une chemise. Il avait pris la petite à part :

— Tu n’es pas folle de t’habiller devant un étranger ? Pour qui va-t-il te prendre ?

Elle avait plaqué sa patte de lièvre sur la bouche de M. Schameusse.

— Tête de pipe, c’est mon amant.

En vain avait-il essayé de la ramener à la raison, en vain avait-il tenté de lui faire entrevoir les suites de ses inconséquences.

— Et puis après, — avait objecté Échalote, — qui vous dit que je n’en ai pas encore un autre ?

— Petite malheureuse, tu ferais ça ?

— Et sans ta permission encore ! Parfaitement, j’ai un joli gosse que j’aime et j’ai cette truffe-là qui m’entretient. D’ailleurs, il faut que je vous présente : « Monsieur Schameusse, propriétaire des grands magasins de La Royale Confiance, — avait-elle annoncé au jeune inconnu ; puis, désignant ce dernier : — « Monsieur Adhémar Dutal, mon fiancé. »

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