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quand le chat n’est pas là…

Échalote, qui, comme toutes les gourgandines, avait la marotte de porter une alliance d’or et de se faire appeler madame, n’entendait tout de même pas qu’un fiancé entravât par trop son avenir. Elle était roublarde, et, ayant à choisir entre deux amours, le légal et le profane, elle préférait ne se livrer au premier qu’après avoir tiré le plus de profit possible du second. Elle crut donc prudent de moraliser Victor à sa manière :

— Grosse bête qui veut courir comme s’il avait le feu quelque part ! mais, attends donc que notre situation soit meilleure. Qui te dit que nous ne regretterions pas d’avoir brusqué les choses ? Quand Mimile annoncera sa rentrée, il faudra que tu décanilles, c’est entendu ; mais sapristi, si on me disait de disparaître pour me récolter plus facilement des pèpètes, je te prie de croire que je ne me ferais pas prier. Et puis, veux-tu que je te raconte tout ? Eh bien, il y a un type qui me fait du boniment au caf’ conc’. J’ai mes tuyaux : c’est un homme de lettres.

Victor s’esclaffa :

— Beau chopin, si c’est un homme de lettres, y sont tous dans la purée !

Cette judicieuse observation ne troubla pas Échalote.

— Il y a des pannés qui écrivent pour les journaux, ça, oui, c’est toquard ; mais il y en a d’autres qui paient gros pour faire paraître leurs gourderies.

— Le tien est de ceux-là ?

— Paraît qu’oui. Son père a une fabrique à Auber-

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