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quand le chat n’est pas là…

de la petite s’arrangent, si son vieux l’installe proprement, eh bien ! avec c’qu’elle gagnera au concert et c’que j’pourrai récolter de mon côté, on pourra s’les rouler à l’aise. »

— Oui, — fit Échalote, — tu m’as déjà parlé de ça, un soir, à la Galette, mais l’heure n’est pas sonnée. Mimile va revenir avec pas mal d’argent, ce serait idiot de le plaquer aujourd’hui, et puis quoi, tu n’es pas sûr de te débrouiller, tu ne sais rien fiche.

L’amour-propre de Victor se rebiffa.

— Rien fiche, dis-tu, mais j’étais brigadier-fourrier au régiment, je peux faire un épatant comptable.

— T’as pas de certificats.

— Ouat ! Y a des métiers qui n’en exigent guère. Tiens, par exemple, j’ai un ancien zigue à moi qu’a eu la veine : il a rencontré une vieille grenouille au sac. Pour lors, avec le pognon de la daronne y s’est fait book. Aujourd’hui, c’est un des types les plus moussus des courses : y prend des paris et encore il a, en ville, des agents qui lui ramassent des tas de braise.

— Possible, mais je ne suis pas une vieille grenouille et, comme pèze, je n’ai en ce moment que les deux thunes par jour que m’envoie Mimile.

— T’es bête, y n’s’agit pas de m’établir à mon compte, je peux commencer à celui de mon poteau.

— Dans ce cas, campe-toi au boulot. Tu penses que ce n’est pas moi qui vais te défendre de t’occuper un peu. Si nous devons nous marier un jour, j’aime autant que le monde ne m’accuse pas d’épou-

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