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quand le chat n’est pas là…

— Je parlais ainsi parce que j’étais sûr que tu ne le ferais pas. Je te connais, ma mignonne, j’ai apprécié ta nature. Tu crânes de temps en temps, tu montes sur tes ergots afin qu’on n’oublie pas que tu existes. Au fond tu as une âme et des goûts de mère de famille, peuh, peuh.

— Ah ! bah !

— Mais oui, je l’ai compris en te meublant. Si tu étais réellement bohème, est-ce que tu aurais été aussi heureuse d’être installée en petite bourgeoise ?

Ce raisonnement clouait Échalote. Son intérêt n’étant pas de le combattre, elle préféra l’approuver en sautant au cou de son bienfaiteur :

— Tu es le premier homme qui me comprenne, — déclara-t-elle. — Mon passé est un ramassis d’imbéciles dont je ne veux plus même me souvenir.

Le soir, pelotonnée avec Victor dans le grand lit offert par M. Plusch, elle interprétait différemment les opinions des amants payeurs.

— Mon avis, c’est que, lorsqu’on rencontre des fourneaux, il faut s’en servir. Si je t’avais écouté je ne me serais jamais collée avec Plusch, or, ce n’est qu’en l’obligeant à s’habituer à moi qu’il m’a offert ce que je lui demandais. Quand je pense que ta scène de chez Robinet eût pu tout démolir ! Quelle andouille tu faisais, ce jour-là !

Mais Victor, en zig-zag dans les draps, était muet.

— T’es malade ? — lui demanda Échalote. — Pourquoi que tu ne parles pas ?

— Je rumine.

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