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échalote et ses amants

— Elle va bien s’ennuyer la fifille, quand son pépère va être parti, — soupirait-elle.

Ce à quoi M. Plusch, décidé à ne pas se laisser envahir par l’émotion, répondait, goguenard :

— Si tu as peur dans ton nouvel appartement, couche dans mon rez-de-chaussée et prie Plumage de monter la garde au pied du lit.

Mais Échalote, au plus fort de l’émotion, ne perdait pas le nord.

— Ce ne serait pas raisonnable, mon gros Mimi, puisque tu ne m’as mise dans mes meubles qu’à cause de l’humidité. Il faut se faire une raison, va ! Enfin, heureusement que j’ai mon concert pour m’occuper et me distraire un peu.

— Surtout, peuh, peuh, prends bien garde en rentrant la nuit, — répétait l’impeccable protecteur. — S’il n’y a plus de tramway, prends une voiture et, au besoin, paie Blandine pour t’accompagner.

— Oh ! tu sais, moi, je suis habituée aux escarpes, j’ai été élevée avec eux.

— Les escarpes de Montmartre ne sont pas les plus dangereux, — attesta M. Plusch, prudhommesque dans sa pathétique prudence. — Il y a les escarpes du monde : ceux qui convoitent les petites femmes de théâtre, les suivent et les entôlent de leurs bons principes.

Échalote éclata de rire :

— C’est toi, mon Loulou, qui parles ainsi ! Autrefois tu me permettais de prendre un petit ami, pourvu que ce ne soit pas dans le quartier !

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