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il y a violons et violon

templées à l’étalage d’un costumier de la rue de Douai, bottines qui s’agrémentaient d’aiguillettes et de lacets d’or assez semblables à la graine d’épinard, orgueil des armées, et se contenter de souliers découverts. Ce bon goût obligatoire la navrait. Volontiers elle eût arboré, même à la ville, des bas arc-en-ciel, des chaussures panachées et des talons jaunes : il est des gens qui confondent l’élégance avec la coquetterie des Malgaches et des Caraïbes. Échalote, livrée à elle-même, avait des instincts d’Apache mexicain ; par bonheur elle avait Victor, apache parisien, pour les atténuer et M. Plusch, amateur-expert, pour les combattre.

De sa tête qu’on ne pouvait changer et qui était toujours, vu les proportions du corps, celle d’un têtard géant, M. Plusch avait composé un minois de baby casqué de boucles blondes et de plumes de paon dressées en antennes. Pas de gants : les bras pygméens, ronds et fermes, présentés en liberté et les mains de moutard au maillot entraînées aux baisers de remercîment et d’au revoir.

Pour cette exhibition initiale et sensationnelle, M. Plusch avait convoqué le ban et l’arrière-ban de ses relations mondaines. Sophie Laquette, de son côté, n’avait pas oublié ses aminches, parmi lesquels Nini-la-moche, Lucie-aux-poux, la môme Tirelire et Chouchou, dont la principale mission était d’escorter Victor et de le maintenir dans le ton d’un spectateur ordinaire, qui n’applaudit pas à se faire remarquer et ne fait pas d’esclandre à se faire sortir.

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