Au Docteur Félix Terrien
oici, cher docteur, une analyse qui, si elle a
des côtés un peu ébouriffants pour ceux qui n’ont
point séjourné sur la butte montmartroise, n’en est pas
moins un recueil d’incidents vus, de mots entendus et
de péripéties faciles à vérifier. Certes, vous ne vous
attarderez pas à les contrôler — vous avez autre
chose à faire, et la science, qui s’honore de vous accaparer,
vous offre un champ d’études autrement passionnant
qu’un monticule peuplé de moulins tapageurs
et de personnages plus ou moins amoraux.
Tant mieux pour ceux qui souffrent et tant pis pour moi. Loin de ce lieu, où il m’a amusé de séjourner pendant quelques années, vous croirez peut-être que j’exagère en le dépeignant, et certains détails — cependant si atténués ! — vous choqueront.
Je voulais les éviter, je n’ai pas pu. La vérité d’une étude veut celle de l’anecdote, comme la valeur d’une thèse exige les mots techniques. Il m’était impossible de traduire les discussions d’Échalote et de ses acolytes selon les règles imposées par la bonne compagnie, et je ne pouvais décrire les tableaux vivants de Montmartre comme tel ou tel critique explique et décortique l’art des Botticelli et des Murillo.