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le frelon

pansion délicate : elle ne le rencontrait jamais, au Frelon ou dans les rues, sans lui plaquer sur la joue un de ses baisers de nourrice crépitants comme une flambée de bois mort. M. Plusch eût payé cher pour se soustraire à cette tendresse, mais Papa, qui ne remarquait pas la tête en position de défense, impitoyable comme une amie trop tendre, ne songeait qu’à une chose : soulager son cœur et ses devoirs.

Pas plus en cette nouvelle rencontre qu’au début de toutes les précédentes, elle ne tergiversa avec ses principes.

— Eh là ! eh là ! — gronda Échalote, — où allons-nous ?

— Toi ici ! — s’étonna la tenancière en toisant Mlle Laquette d’un de ses regards connaisseurs qui flattent les femmes.

— Mais zoui, comme disent les poissons, moi-même.

M. Plusch expliqua cette présence :

— Échalote est ma maîtresse.

— Quelle grue ! — sanctionna Papa, qui ne pouvait dissimuler sa déception de sentir à jamais perdu un jeune être répondant à son idéal. Enfin, elle est avec un copain, je dois m’en déclarer heureuse.

— Pourquoi ? — murmura l’Homme au Supplice Indien à l’oreille d’Échalote, — oui pourquoi, nous avoir caché vos accointances ici ?

— Vous m’auriez présenté vos poules, n’est-ce pas ? Merci bien, vieux dépravé.

Autour d’eux les clientes s’étaient remises à leurs

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