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échalote et ses amants

maillère renouvelée des Romains, la connaissance de quelques poètes chauves bien que décadents dont la principale occupation, entre les blasphèmes aux étoiles et les rêveries à la santé des grands lacs bleus, était d’instruire des adolescents par les moyens les plus en rapport avec les poursuites judiciaires.

Brillamment étrenné, le bar n’eut qu’à entretenir son succès. Pour sa part, Adonis ne se ménagea pas : il paya de sa personne vis-à-vis des habituées chaque fois qu’elles y mettaient le prix, et il ne compta ni ses pas ni ses démarches pour dénicher les éphèbes commandés par ses abonnés masculins.

La renommée connut vite le chemin de la rue Duperré et, prostituée d’un genre plus rare, s’y installa en reine. Il ne fut bientôt plus question, dans les milieux où l’on s’amuse, que de s’aventurer, vers minuit, chez le bel Adonis. L’excursion, qui écœurait les vrais hommes, ravissait les femmes. Il fallait donc leur obéir et, malgré les nausées inévitables, aller se retremper dans la honte et l’ordure.

M. Plusch, pour sa part, n’échappait pas à ces malaises. Le beau sexe lui coûtait trop cher pour qu’il attribuât aucune valeur à celui dont il faisait partie. Toutefois, il convenait d’introduire M. Lapaire dans un milieu insoupçonné, et son amitié avait des dévouements sublimes. De plus, il savait amuser Échalote qui, en bonne petite grue, prenait un plaisir immense à la déchéance des hommes. Non point qu’elle raisonnât si philosophiquement là-dessus, mais, chez les êtres pervertis, l’instinct n’est plus de

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