dans un milieu où la réputation va en raison directe de la dépravation et de l’insanité, le cynisme de cet animal superbe, enclin à faire valoir, non point ses charmes mais ceux des autres. Pendant plusieurs mois, en attendant le lancement de son entreprise, il fut la coqueluche des plus folles et des plus notoires dégrafées. On le rencontra emmi les boudoirs à la mode, aux heures où les messieurs sérieux sont à leurs affaires et il figura aux dîners que les dames donnent chez elles quand villégiaturent leurs amants.
Avec de telles relations, l’inauguration de sa maison fut un coup d’éclat. D’un bout à l’autre de la rue Duperré, les équipages à moteurs et à chevaux cornaient et piaffaient, puis déposaient, devant l’élégante boutique voilée comme une aimée, des touffes de dentelles et de plumes dans lesquelles palpitaient ces êtres de luxe, gloire de la France et orgueil des hommes. Mues par cette curiosité inguérissable qui les fait voler vers les exhibitions malsaines et le spectacle des péchés qu’elles ne pratiquent pas, elles avaient répondu à l’invitation d’Adonis qui leur offrait, avec le souper, l’occasion unique d’être présentées à tout un monde de petits jeunes gens jolis comme des cœurs, habillés comme des princes et maquillés comme des moukères. Sans se demander par quel sortilège l’Algérien avait pu réunir toute la fine fleur de la plus crapuleuse débauche, sans s’étonner que, pour un métier clandestin et honteux, il eût obtenu de la Préfecture l’autorisation de tenir, toute la nuit, une telle maison ouverte, elles firent, durant une cré-