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échalote et ses amants

man lui resta pour l’arienne volage. Il méprisa les Européennes et s’apitoya sur leurs maris. De là à s’intéresser aux tentatives d’adultère de ces derniers, il n’y avait que la longueur d’un cheveu. Il savait que l’inclination de certains hommes à favoriser les amours de leur prochain ne va pas sans compensation vénale. Ceci n’était ni pour l’effaroucher, ni pour le faire fuir. Toutefois, comme le commerce des femmes le laissait calme et parce qu’il répugnait à s’immiscer dans des intimités où se consommeraient le déshonneur et la désorganisation des familles, il préféra se spécialiser dans le genre unisexuel et stérile. Sa conscience, d’ailleurs, s’accordait avec le vice masculin et, tout en se gardant personnellement de contacts maintes fois proposés, il reconnaissait que le corps étant, avant tout autre chose, la propriété de l’individu, celui-ci n’outrepassait pas ses droits en l’utilisant à sa guise. Il favorisa ainsi les entretiens d’une élite internationale et contribua à acclimater dans la bonne société ceux de ses compatriotes qui avaient la chair tendre et des mœurs hospitalières.

Sa réputation établie à Alger, il n’avait qu’à passer l’eau pour la parfaire. Des initiés lui avaient donné de bons tuyaux sur la clientèle à saisir. Le cosmopolitisme de Paris l’accueillerait avec transport et le demi-monde lui ouvrirait ses bras. Il avait assez d’économies pour se passer de commanditaire et, eût-il été gêné, que les quatre veines des femmes se fussent saignées pour augmenter son capital et faciliter ses projets. On apprécia comme il convenait,

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