Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XII

Adonis’s bar.


Détournons nos pas, mes frères, d’une pierre d’achoppement aussi dangereuse.
Sterne. (Sermons.)


Une taverne de si bon goût et si discrète qu’une maman assoiffée serait tentée d’y faire pénétrer ses filles, des rideaux de soie opaline tendus aux vitres, sur la chaussée un chasseur en uniforme bleu de roi attentif aux curiosités des passants et posté pour leur ouvrir l’huis révélateur, une atmosphère claire, gaie et fraîche, autour de la salle des banquettes de velours rubis accompagnées de petites tables fleurant l’intimité et la bonne chère, au fond le bar anglais avec ses servants en vestes blanches, ses pintes de métal, ses seaux à champagnes, ses coquettes pompes à bière, ses mignonnes étagères frangées de serviettes russes soutenant la série dégradée des verres à boire, depuis le calice à vin du Rhin jusqu’à la minuscule tulipe à curaçao hollandais, des cloisons de glace, de moelleux tapis, au plafond des

* 129 *