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de la galette à cocardasse

lisé à se tenir sur ses gardes. Victor et Échalote devaient à leur éducation, particulièrement poussée à la ruse, de tenir Mme d’Ersigny en suspicion. Aussi, quand ils eurent débattu sur ce que comportaient les circonstances, quand ils eurent échafaudé leur bonheur, en marge de celui de M. Plusch, Échalote dit-elle adieu à son chéri pour aller rejoindre, à l’extrémité de la salle, le couple Lapaire, lequel, fatigué, suant et soufflant, lampait, à l’aide de chalumeaux, des boissons jaunes et glacées.

— Eh bien, les aminches, on s’apprête à aller rejoindre mon gros Mimi ?

— Le gros Mimi n’a pas les pieds dans la boue, n’est-ce pas ? — répondit M. Lapaire, — et Mme d’Ersigny a besoin d’arroser son soufflet. Quant à moi il me plaît de reluquer, quelques instants encore, les cartons d’ici.

Par « cartons », M. Lapaire sous-entendait les femmes présentes, plus ou moins susceptibles de lui servir de cible dès qu’il plairait à Mme d’Ersigny d’étendre, de son côté, le champ de ses connaissances citadines. Les « cartons » de M. Lapaire étaient les « rombières » de M. Plusch, les « poules » de M. Bouci, les « souris » de M. Pochade, les « ménesses » de M. Lièvre, les « puces » de M. Gratin, les « étuis » du docteur Benoît, les « taupes » de M. Schameusse, les « pintades » de M. Saint-Pont et les « lamproies » du Torpilleur. Une fois au courant de ce vocabulaire, on pouvait suivre leurs conversations romanesques du café Cocardasse ou de chez Robinet.

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